Médecin, ou... sorcier ?
Je sais, j'ai disparu un certain temps de votre écran, mais c'était pour la bonne cause, dira-t-on. J'ai un long billet sur le feu depuis que je l'ai promis à Schtroumphette, mais il est complexe à écrire pour moi. Je vous le finis dès que possible, promis. Mais essayez d'écrire un truc vaguement sérieux entre les cris d'une délicieuse enfant (la petite soeur de mon cher et tendre, un modèle vivant de Mater Dolorosa, avec la puissance sonore d'une diva sous amphétamines), de longues démarches pour trouver un toit stable et une vie moins mouvementée, et quelques galères de derrière les fagots ? Hein, hein ? Bon, ok je m'incline, je cesse de tenter de me justifier comme une femme dont le mari vient de découvrir l'amant dans le placard et je vous livre un petit billet qui servira de préambule à l'autre en préparation.
Je serais curieuse de savoir quel est le but de ces médecins qui prétendent guérir les troubles psy en plongeant leurs patients dans un état d'hébétude constant ? Pour moi, la santé se définit plus comme "aller bien, se sentir bien", que comme "somnoler pour mieux fiche la paix à tout le monde". Je l'avoue, je suis très partiale sur ce coup ! Jouer la belle au bois dormant n'a jamais été mon truc, et je pars du principe que je suis bien assez flemmarde comme ça pour en plus me faire ronfler malgré moi !
Je suppose qu'à ce stade, il est important de lancer un avertissement à mes fidèles et zélés lecteurs : tout ce que je vais développer ici découle de mon expérience des divers traitements anxiolytiques et de ce que j'ai pu observer dans mes séjours en cliniques et hôpitaux publics. Ca n'engage que moi, me, and myself.
Alors quoi, quelle justification donne-t-on pour ces traitements qui sédatent allègrement ? D'abord et avant tout, l'apaisement des angoisses. Mouais... causons-en, tiens, de ce supposé apaisement.
Avez-vous déjà pris une bonne cuite ? Bien. Au réveil, vous vous sentiez parfaitement relaxés et dispos ? Eh bien un anxiolytique, ca donne à peu près ca comme état, et sans la satisfaction de s'être convenablement alcoolisé avant !
L'angoisse ne disparait pas quand on est en train de faire une parfaite imitation d'un zombie bourré. Elle reste en sourdine, on n'en discerne plus les causes (si tant est qu'on les connaisse à la base !) et est entourée de tout un tas d'autres symptômes aussi sympathiques que discrets ( nausées, gorge sèche, marteau-piqueur dans le crâne...) mais elle ne fuit pas sous un coup de baguette magique médicale.
En revanche, il est vrai qu'on ne sait plus aussi bien extérioriser cette angoisse. C'est vrai, quoi, essayez de hurler de terreur quand vous n'êtes pas capable d'ouvrir la bouche pour autre chose que pour baver ! A ce tarif-là, couper la langue du patient aura un effet plus durable et vous évitera en prime bien des verbiages inutiles.
L'angoisse n'est pas un paramètre que l'on supprime à sa guise. Elle n'a pas qu'une cause organique et vouloir l'éradiquer par les médicaments me semble à peu près aussi pertinent que de mettre un tutu à Julien Lepers en espérant le voir devenir petit rat.
L'autre grand argument des chefs de Medicaland pour prescrire des anxiolytiques et antidépresseurs, déjà esquissé deux ou trois lignes plus haut, c'est de contenir des manifestations fort gênantes des troubles psy, comme les crises diverses et variées, souvent violentes.
Admettons. Seulement, ce n'est plus exactement du soin, ça, pour moi, mais un compromis entre "on laisse le gus tout casser autour" et "on aimerait avoir la paix deux minutes". On m'objectera que ça évite aussi audit gus de SE faire du mal... oui mais en lui en infligeant un autre mal : effets secondaires, cervelle en compote...
Donc j'en reviens à ma question de départ : qu'espère-t-on de ces traitements : avoir un peu de calme et de sérénité pour les autres, ou réellement aider les patients ?
Considérez ce petit billet de retour comme un prologue au suivant.